RDC : Des prisons devenues des mouroirs (JUSTICIA Asbl)

JUSTICIA Asbl, une organisation sans but lucratif de promotion et de protection des droits de l’homme, du droit humanitaire et de développement basée en RDC, a appris avec stupéfaction les événements qui se sont déroulés au Centre Pénitencier et de Rééducation de Kinshasa dans la nuit du 31 août au 1er septembre 2024 ayant causé mort d’hommes (129), plusieurs blessés, des viols et violences sexuelles des évadés et des dégâts matériels importants d’après les sources s officielles mais plus ou moins 1000 personnes d’après l’organisation internationale Human Right Watch.

Ces incidents macabres seraient consécutifs à une tentative d’évasion orchestrée de l’intérieur de la prison dans des circonstances non encore élucidées.

JUSTICIA Asbl saisit cette opportunité pour adresser ses sincères condoléances aux familles éplorées et rappelle au Gouvernement congolais qu’il a l’obligation de protéger la vie humaine qui est sacrée au regard de la constitution et des instruments juridiques internationaux ratifiés par la RDC.

« Les prisons en RDC sont caractérisées par plusieurs maux dont la surpopulation carcérale, le manque d’infrastructures appropriées et des services à même de contribuer à la socialisation des détenus, la proximité des cellules des femmes, celles des hommes et des mineurs, la modicité des fonds alloués au fonctionnement des prisons et la carence des agents de sécurité spécialement formés et équipés pour la prise en charge des cas d’insurrection des détenus, qui justifient qu’elles se transforment en mouroir », a déclaré Maitre Timothée Mbuya, président de JUSTICIA Asbl.

Pour rappel, en 2020, la prison centrale de la Kasapa à Lubumbashi avait connu des événements d’une ampleur semblable ayant occasionné plusieurs dizaines de morts et des femmes violées, alors que les autorités auraient dû tirer les leçons de ces genres de drames pour anticiper et prévenir.

C’est également le lieu de fustiger le fait qu’à la Kasapa, en ce moment, on enregistre des morts presque hebdomadairement à la suite d’une prise en charge inefficace des détenus malades. 

Il est malheureux de constater que plus des 4 bâtiments incendiés lors de cette tentative d’évasion ne sont toujours pas réhabilités occasionnant un entassement de détenus dans des cellules inadéquates. 

Cette situation pourrait être à la base de la transmission des maladies comme la tuberculose et toute autre maladie respiratoire pouvant causer morts d’homme.

Au regard de la gravité de la situation et pour palier à toute éventualité, JUSTICIA Asbl recommande:

– Au Gouvernement congolais :

De sanctionner de manière préventive et pour raison d’enquêtes, toutes les personnalités concernées par la gestion du CPRK:

– De déférer devant la justice toute personne dont la responsabilité est établie à la suite de ces événements ;

– De mettre en place une politique en charge adéquate de prisonniers;

– De s’assurer que les personnes victimes des viols, des violences sexuelles, des blessures par balles lors de ces événements bénéficient d’une prise en charge holistique efficace ;

– De moderniser les prisons par des moyens modernes de surveillance urgente de désengorgement des prisons et de la prise

– De rendre public la liste de toutes les personnes tuées pour permettre à leurs familles en prendre connaissance et dispositions pratiques pour organiser les obsèques dignes de leurs noms au frais de l’Etat congolais ;

– De disponibiliser les moyens financiers pour que les prisons remplissent les missions qui leur sont dévolues depart la loi, faire un suivi rigoureux de la gestion des fonds alloués aux prisons et de faire poursuivre tous ceux qui les détournent ;

– D’assurer une prise en charge adéquate des détenus malades.

Au Conseil Supérieur de la Magistrature:

– De prendre une instruction ferme interdisant aux magistrats de mettre en détention des personnes soupçonnées d’avoir commis des infractions minimes pour des faits civils

– De veiller sur la régularité des détentions.

A la population de la ville de Kinshasa et ses environs de collaborer avec les services de sécurité pour dénoncer tout cas suspect des personnes présentant les allures d’un évadé du CPRK.

Fait à Kinshasa, le 5 septembre 2024

Pour JUSTICIA Asbl,

Me Timothée MBUYA

Président

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