Des professeurs, scientifiques, administratifs ainsi qu’ouvriers de l’Université des sciences de l’information et de la communication (ex-IFASIC) ont organisé, ce mardi 6 août, une manifestation pour exiger la démission du comité du professeur Kambayi Bwatshia.
Première institution universitaire exclusivement dédiée à l’enseignement des Sciences de l’Information et de la communication en RDC et dans une grande partie de l’Afrique francophone, il ne reste presque plus rien de ce que furent l’ISTI et tout récemment l’IFASIC.
Ça décrépite au jour le jour depuis l’arrivée, il y a trois ans, du Comité de gestion actuel. Flash back!
Les premiers signes de la détérioration sont perceptibles dès la nomination du Professeur Jean-Richard Kambayi Bwatshia comme Recteur de l’Institut facultaire des Sciences de l’information et de la communication (IFASIC) le 24 décembre 2021.
Il s’est employé à saquer l’héritage de son prédécesseur en composant un cabinet des courtisans: son homme de main, Prince-Tony Kanyinda, jeune professeur sociologue, est nommé directeur de cabinet. Avec lui une nouvelle équipe constituée en majorité des allochtones prend les rennes de la maison.
Et durant les deux années et bientôt six mois de sa gouvernance, le professeur Émérite Kambayi ne cessera d’engager du personnel. A ce jour, il a engagé pas moins de 100 personnes, souvent sans aucun respect ni de la procédure, ni des besoins de l’Institution.
A ceux qui le lui reprochent, son directeur de cabinet, le vrai-faux recteur répond: « au contraire vous devriez nous en féliciter. Nous réduisons le chômage ». Cynique!
En réalité, la politique de ce comité composé à plus de moitié des allochtones, consiste à diluer la présence et le contrôle de cette institution par les spécialistes en SIC. Et ils semblent avoir réussi à détruire l’âme de la maison en engageant plus de chargés de pratique professionnelle (CPP) et d’assistants des domaines éloignés des SIC.
Cette politique est allée jusqu’à nommer des professeurs des domaines connexes chefs de département ou vice-doyens dans des facultés qui exigent de la technicité.
C’est comme si on désignait un médecin chef de département prospection dans une faculté de géologie ou un agronome vice-doyen dans une faculté de psycho-pédagogie. Et ce n’est pas tout. La logique destructrice a atteint le troisième cycle, joyau de la recherche en SIC en RDC.
Sous Kambayi, avec l’accompagnement du Secrétaire général à la recherche, un certain Deogratias Namegabe, dont le passé dans l’ESU n’est pas connu, des dizaines de personnes ont été inscrits au troisième cycle sans aucune qualité. Des étudiants ayant terminé en droit, en hydrocarbures, en télécoms ou en économie sont entrain de suivre des séminaires en SIC contre le décret qui organise le troisième cycle et qui exige qu’aucun apprenant au troisième cycle ne peut être inscrit s’il n’a fait le deuxième cycle dans la même filière. Et malgré les nombreuses correspondances des responsables de l’Ecole doctorale pour tenter de remédier à la situation, le comité de gestion s’en moque.
A l’UNISIC, la gestion financière est de type paroissiale. On navigue sans boussole. Les rubriques n’existent plus. Pour tenir les douze mois prévus au budget, le Comité de gestion recourt très souvent à des découverts bancaires. Non pas que les recettes sont insuffisantes. Mais plutôt parce que les fonds ont été dilapidés. Les fonds destinés à la construction ont disparu depuis deux ans.
Ceux réservés aux cartes d’étudiants n’ont jamais été affectés à cette rubriques à tel enseigne que les étudiants n’ont obtenu ni carte d’étudiant, ni carte de la bibliothèque depuis deux ans. Pire, la caisse est saignée à blanc par des activités parallèles. Tenez! Le préau Malembe Tamandiak de l’UNISIC est le lieu par où passe le détournement des fonds.
Les conférences et manifestations festives se succèdent à un rythme endiablé, occasion pour les membres du comité de gestion présents et leurs cabinets de se taper des primes. En cette matière, le Recteur Kambayi et l’Administrateur du budget, au nom évocateur de Trésor Kahindo Mbatsho, sont passés champions. Les agents commis à la comptabilité sont sous pression chaque jour pour exécuter un rubrique devenu la chasse gardée du numéro un: alimentation humaine.
Alors que l’AB, alias congélateur, bloque tous les dossiers de paiement pour les besoins essentiels de l’université, il doit chaque jour autoriser des frais pour la nourriture de certains membres du Comité de gestion. Pizza, Leffes… sont consommées à longueur de journée pendant que certaines salles de cours n’ont ni lampes, ni climatiseurs. Des dépenses pourtant prévues dans le fonctionnement.
Le secteur académique est certainement le plus important dans une université qui, à côté de la recherche, constitue d’ailleurs la raison d’être d’une institution universitaire.
A ce jour, outre le nombre impressionnant de professeurs visiteurs et mi-temps qui débarquent chaque semaine dans la cour (il semble qu’on en a encore engagé trois), c’est cette impression de fin de règne qui vous frappe dès que vous entrez à l’UNISIC.
Les étudiants sont de plus en plus rares. Ceux qui participent aux enseignements se plaignent des redites et parfois des contradictions entre professeurs de la même unité d’enseignement. Une situation due à une mauvaise politique de programmation. Pire, le clientélisme qui a élu domicile dans cette institution est plus que pernicieuse.
L’illustration la plus plausible est la composition des jurys. Depuis trois ans, le comité de gestion a instauré une pratique de plus honteuse qui consiste à nommer comme membres des jurys des courtisans. En premier lieu, place aux proches du Recteur et du Secrétaire général académique.
Depuis trois ans, ce sont les mêmes qui reviennent. Pire, et contrairement au Vade mecum de l’ESU qui fixe les critères de composition des jurys parmi lesquels celui qui voudrait que les membres du bureau du jury soient enseignants dans la promotion dont ils vont assurer la comptabilité des cotes.
A l’UNISIC, non seulement ce principe n’est pas respecté, bien plus, même des personnes non enseignant à cette université, notamment une assistante du Recteur, que personne n’a jamais vu dans un aucun auditoire, est une éternelle secrétaire de jury. Et ces listes se confectionnent en l’absence des doyens à qui revient la charge de proposer les membres des bureaux des jurys.
Derrière toutes ces pratiques se cachent en réalité le besoin d’argent. Il n’y en a pas assez pour les autres, mais il y en a pour les membres des cabinets des autorités académiques, qu’on retrouve dans toutes les commissions et coups où il y a de l’argent.
L’inscription, qui faisait la fierté et la différence entre l’ISTI-IFASIC et les autres institutions, est devenue du théâtre. Preuve: cette année, le concours oral n’a pas été organisé au motif qu’il n’y avait pas d’argent. Et pourtant tous les cabinets ont été grassement payés avec les frais d’inscription.
Le népotisme et l’injustice sont devenus un mode de gouvernance à l’UNISIC. L’affaire dite Laurette Bimbakila en est la parfaite illustration. Appariteur central depuis plusieurs années, c’est à cette dame que revient la charge de gérer techniquement le dossier des inscriptions des étudiants. Elle s’est attelée à cette tâche depuis une bonne demi-douzaine d’années, respectant scrupuleusement les instructions de la commission d’inscription mise en place chaque année pour ce faire.
Au début de l’année académique en cours, après avoir réalisé sa tâche habituelle, Madame Bimbakila a été accusée d’avoir détourné 42.000 $ sur les frais d’inscription. L’accusation émanait de l’Administrateur du budget. Elle sera suspendue de ses fonctions et une commission d’enquête sera mise sur pied.
Cette commission découvrira que plusieurs personnes avaient recommandé des étudiants à l’inscription auprès de l’appariteur, sans avoir rien payé. Parmi ces personnes, de hauts placés dans l’échiquier politique de l’université. Paradoxalement, une seule commission disciplinaire, plutôt deux, seront mises en place pour traiter le cas Bimbakila.
Pendant cette période, elle sera harcelée par des correspondances intempestives de ses supérieurs pour l’amener à avouer son forfait. Et de fil en aiguille, elle sera tout simplement révoquée sur un simple procès-verbal. Alors que, cadre de commandement, son dossier devait aller au Conseil d’administration et atterrir sur le bureau du ministre de l’ESU.
In fine, les autorités de l’UNISIC découvriront que le montant avancé par l’Administrateur du Budget était exagérément gonflé pour nuire ou plutôt cacher des malversations devenues récurrentes. Car, selon toute vraisemblance, l’argent de l’inscription a été bel et bien perçu et utilisé. Tous les bénéficiaires qui étaient sur les listes ont été payés et même suffisamment. D’ailleurs ce sont les mêmes proches des autorités académiques qui émargent à toutes les listes.
Voilà dans quel contexte évoluent les agents de l’UNISIC depuis ces trois dernières années. Et tout cela se fait au grand jour, au vu et au su de tout le monde. Les quelques rares personnes qui essaient de dénoncer ou d’élever la voix sont brimées, menacées et sanctionnées.
Ce sont des parias, ne pouvant accéder à aucune fonction même qu’ils en ont la compétence. Au contraire, les fonctions et postes sont distribués à de nouvelles recrues que les autorités académiques ont frauduleusement engagées.
Au regard de ce tableau plutôt sombre, quel qualificatif convient le mieux à la situation de l’UNISIC: débâcle? Catastrophe? Naufrage? Descente aux enfers? Destructuration? Mort clinique ou chienlit? Vivement le retour à l’ordre dans la maison.
Rédaction