Médias : 44% d’indice de parité de genre dans la presse audiovisuelle à Kinshasa, selon le CSAC 

Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) a organisé, ce lundi 28 juillet. une conférence de presseà à Kinshasa pour présenter deux rapports majeurs issus de monitoring réalisés en 2025 sur les médias audiovisuels en RDC. 

Ces enquêtes, portant respectivement sur la déontologie journalistique, le pluralisme politique et la représentation des femmes dans les médias, révèlent des résultats mitigés qui interpellent tant les professionnels que les autorités.

Animée par le vice-président du CSAC, Bruno Mbolison,  la séance a permis d’exposer les constats de ces études menées sur plus de 200 médias dans dix provinces pour la première enquête, et sur les médias de Kinshasa pour la seconde.

« Il s’agit d’une réunion importante, non pas parce que nous voulons suspendre les médias, mais parce que nous voulons faire des communications essentielles, en lien direct avec les attributions et missions du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication », a insisté M. Mbolison. 

Il a rappelé que le CSAC a pour mission « de garantir la liberté de la presse et le développement des médias, mais aussi de veiller à ce que les valeurs nationales soient véhiculées à travers les médias. 

Parmi ces valeurs, on retrouve la promotion de la femme, la protection de l’enfant, des groupes minoritaires et des personnes vivant avec handicap. »

Déontologie et pluralisme : des chiffres alarmants

La première enquête, réalisée entre janvier et février 2025, a scruté trois axes essentiels : le professionnalisme des promoteurs de médias, le degré d’autonomie des journalistes, ainsi que le niveau de pluralisme politique. Le bilan est « quelque peu alarmant », selon le vice-président du CSAC.

« De manière globale, le pluralisme politique a été observé à hauteur de 49% dans les médias investigués, un taux qui demeure en dessous de la moyenne », a-t-il expliqué. 

Quant à l’autonomie, qu’elle soit politique, financière ou éditoriale, elle « n’a été observée qu’à 47 %, ce qui reste encore insuffisant ».

Une lueur d’espoir apparaît néanmoins du côté du professionnalisme, qui atteint 67%. Mais cette amélioration ne doit pas cacher la fragilité des acquis : « Ces efforts doivent être poursuivis et renforcés. Et cela ne peut se faire uniquement par nous, régulateurs. Il faut travailler en synergie avec les médias. Et qui dit médias, dit médias professionnels. »

Le second rapport, publié en avril 2025, s’est penché sur la place et l’image de la femme dans les médias audiovisuels. Ici aussi, les résultats restent en deçà des attentes, avec un indice de parité de genre évalué à seulement 44%.

Concernant la représentation des femmes dans le secteur, Mbolison a affirmé que les textes juridiques, tels que la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Constitution ou la loi sur la parité, « ne doivent pas être de simples bonnes intentions, mais être traduits en actes, notamment dans le secteur des médias.

« Concernant le langage utilisé dans les contenus médiatiques, il est important de rappeler que dans nos communautés, dans notre culture et même dans notre langage courant, certains indices peuvent soit dévaloriser, soit valoriser la femme », a souligné Bruno Mbolison. 

Les enquêteurs ont ainsi évalué non seulement la fréquence de la représentation de la femme, mais aussi la qualité de cette image : « L’image de la femme véhiculée dans les médias est-elle suffisante ? Est-elle valorisante ? Est-elle juste ? »

Il a pris pour exemple le milieu musical, où « lorsqu’on parle de la femme, la première chose à laquelle on pense, c’est à la danse. […] Mais quand il s’agit de chercher le compositeur, on fait rarement appel à une femme. Cela illustre un cliché négatif que tous les professionnels des médias doivent combattre. »

Par ailleurs, si certains progrès sont notés dans les médias traditionnels, « la situation est bien pire sur les réseaux sociaux », a-t-il averti. Sur TikTok notamment, « la femme peut être représentée à plus de 70 %, mais cette représentation est généralement sexiste, soit diminutiste. »

Pour Bruno Mbolison, il est urgent d’agir collectivement pour redresser la situation. 

« Ces enquêtes seront amplement partagées, non seulement au niveau des professionnels des médias, mais aussi auprès des instances décisionnelles, que ce soit l’Assemblée nationale, le gouvernement ou les gouvernements provinciaux. » 

L’objectif est clair : « avoir des médias de plus en plus indépendants, qui prennent le pluralisme politique à cœur, parce que la loi et la Constitution imposent l’exercice sous l’observance des règles démocratiques. »

Il a également insisté sur la nécessité d’une formation continue des journalistes, en rappelant que « chaque rédaction doit être astreinte à la remise à niveau perpétuel et continu de son personnel, pour éviter des dérives et renforcer la profession ».

D.B

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