Dans cette publication, NOUVEAUMEDIA.CD révèle le rôle joué par Mwenze Kongolo, Ministre de la Justice du gouvernement Laurent-Désiré Kabila pour investir Joseph Kabila après l’assassinat, le 16 janvier 2001, du successeur du Maréchal Mobutu au Palais de marbre. Ces extraits sont tirés du livre « Ma Part de Vérité » (sorti en 2007, aux Editions L’Harmattan) écrit par Mwenze Kongolo qui était également un des proches du Proches assassiné.

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[…] Moi aussi, je ne pensais qu’à mon devoir. J’ai pris l’initiative d’étendre le cercle de la réflexion. Je trouvais en effet important que l’on réfléchisse ensemble sur la grave situation. J’ai appelé le Chef de la Garde présidentielle ; le Général Tango Tango. J’ai fait venir certains ministres. Je demanderai à l’intendant du Président d’envoyer un avion pour aller chercher le Général Joseph Kabila qui était au Katanga. Pour moi, sa présence était indispensable et naturelle : il était l’aîné de la famille. J’ai appelé aussi les Généraux Yav, Olenga et Lwetcha.
[…] Je me souviens de Eddy Kapend me demanda, inquiet : ‘’Mais qu’est-ce qu’on va faire ?’’
En effet, il fallait réfléchir rapidement, avant que la panique nous domine, nous pousse à des actions infructueuses et maladroites. L’avion qui ramenait Joseph Kabila à Kinshasa arriva vers 2 heures du matin. Arrivé à Kinshasa, Joseph Kabila se rendra tout de suite à la Cité de l’OUA, sous la protection du Général zimbabwéen Tshingombe qui commandait la ‘’Task Force’’. La même nuit, vers 3h du matin, nous allions gagner à notre tour la Cité de l’OUA. Nous y trouverons le Général Olenga, et deux autres généraux zimbabwéens. J’étais le seul civil. Je n’ai pas pris des gants et je leur ai annoncé sans détours : ‘’Mzee est mort…’’
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Un silence lourd planait au-dessus de nous. La tension était extrême. Une tristesse indicible habitait chacun de nous. Mais j’ai poursuivi mon propos en m’adressant à Joseph : ‘’Ecoute, tu es un homme… La situation est grave. II faut prendre tes responsabilités.’’ Le Général [Zimbabwéen] Tshingombe prit mal ma suggestion : ‘’Mais la politique, c’est une affaire de civils…’’. Je continuais sur ma lancée : ‘’Il faut sauver la nation… Il n’y a que le fils de Kabila pour assurer la relève… ‘’
Eddy Kapend était d’accord, le Général Olenga aussi. C’est encore moi qui allais proposer l’évacuation du corps de Mzee pour Harare. Séance tenante, nous allions appeler au téléphone le Chef d’Etat-major zimbabwéen. Il était lui aussi choqué par la nouvelle. Il donna son accord sans hésiter. Le Président Mugabe était en Egypte, en visite officielle. J’ai insisté pour avoir son numéro de téléphone. Je connaissais la force de l’amitié qui unissait Mzee et Mugabe, ces deux africains intransigeants.
Le Président Mugabe, que je fais réveiller en pleine nuit, est atterré par la nouvelle. Il était au bord des larmes. Je lui ai expliqué la délicate mission dans laquelle la mort de son ami nous plongeait. Pour moi, la dépouille devrait être à l’abri de l’agitation qui commençait à gagner la ville. Nous ne savions pas comment les choses allaient évoluer.
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[…] La priorité était alors pour nous de combler le vide laissé par Mzee : un grand vide au regard de sa forte popularité. Il nous fallait installer son fils à ce poste laissé vacant. Si la plupart des ministres que nous contactions étaient d’accord, il fallait tout de même formaliser la procédure en passant par le Parlement. Je pensais que Joseph Kabila avait besoin de l’aval du Peuple à travers le Parlement. J’irai au Parlement présenter la proposition du Gouvernement de porter Joseph Kabila au poste de Président… Les parlementaires ont approuvé notre démarche. Je tiendrais par la suite une conférence de presse au Grand Hôtel, peu avant les funérailles.